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{"bf_titre":"Faciliter la convergence par les biens communs et un environnement d'abondance","bf_chapeau":"Un article de Jean Michel Cornu, publi\u00e9 dans http:\/\/ebook.coop-tic.eu\/francais\/wakka.php?wiki=LaConvergence l'ebook Coop-Tic sur le concept de convergence dans un contexte coop\u00e9ratif.","bf_description":"

Le paradoxe de la trag\u00e9die des biens communs

\r\nDans un texte devenu c\u00e9l\u00e8bre \" La trag\u00e9die des biens communs \" \"\"<a href=\"#ancre1\"><sup>1<\/sup><\/a>\"\", Garret Hardin pr\u00e9sente les trois seules solutions pour vivre ensemble avec un ensemble de biens \u00e0 partager. Il y d\u00e9crit un champ, propri\u00e9t\u00e9 collective d'un village. Des paysans y font pa\u00eetre leur b\u00e9tail. Ce dernier consomme l'herbe et d\u00e9grade ce bien commun en laissant derri\u00e8re lui des portions boueuses. En l'absence d'une politique r\u00e9ellement appliqu\u00e9e, l'int\u00e9r\u00eat de chaque paysan est de profiter le plus vite possible du champ en y envoyant le maximum de b\u00eates en retirer le maximum de valeur avant que l'ensemble du champ ne se transforme en mer de boue.\r\nLa trag\u00e9die des biens communs ne pr\u00e9voit que trois issues possibles \u00e0 cette situation :\r\n - Le champ devient un immense champ de boue.\r\n - Une personne qui dispose d'un pouvoir de contrainte alloue les ressources au nom du village.\r\n - Le champ est d\u00e9coup\u00e9 en espaces g\u00e9r\u00e9s par chaque paysan disposant alors d'un droit de propri\u00e9t\u00e9.\r\nEric Raymond \"\"<a href=\"#ancre2\"><sup>2<\/sup><\/a>\"\" reprend cet exemple pour montrer combien la coop\u00e9ration n'est \/\/a priori\/\/ pas si simple.\r\n

Les limites de la trag\u00e9die

\r\nR\u00e9concilier l'int\u00e9r\u00eat individuel et l'int\u00e9r\u00eat collectif ne semble pas \u00e9vident dans le cas de figure d\u00e9crit dans la trag\u00e9die des biens communs (sinon, nous vivrions mieux depuis longtemps !). Pourtant, si Hardin conclut dans son ouvrage que les seules solutions \u00e0 l'absence de responsabilit\u00e9s des hommes sont dans la privatisation des biens communs et\/ou dans l'interventionnisme de l'\u00e9tat, il reconna\u00eet plus tard que son postulat de d\u00e9part n'est pas toujours valide. Son coll\u00e8gue Gary Warner indique : \"Hardin a reconnu plus tard que la caract\u00e9risation des aspects n\u00e9gatifs des bien communs... \u00e9tait bas\u00e9e sur une description... un r\u00e9gime ouvert, non r\u00e9gul\u00e9 par une autorit\u00e9 externe ou un consensus social.\" \"\"<a href=\"#ancre3\"><sup>3<\/sup><\/a>\"\" \r\n

Sans destruction le territoire n'est plus limit\u00e9

\r\nIl existe d'autres cas encore qui m\u00e8nent \u00e0 des conclusions diff\u00e9rentes : Dans la trag\u00e9die des biens communs, le b\u00e9tail consomme l'herbe et d\u00e9truit progressivement le champ. Dans le domaine des biens immat\u00e9riels tels que les logiciels informatiques, les contenus, l'art ou la connaissance, la r\u00e8gle du jeu est intrins\u00e8quement diff\u00e9rente : la lecture d'un texte ne le d\u00e9truit pas, donner une information \u00e0 quelqu'un ne veut pas dire que l'on n'en dispose plus.\r\nCette simple diff\u00e9rence est lourde de cons\u00e9quence. Cela veut dire que l'\u00e9change conduit \u00e0 une multiplication de la valeur et que le territoire n'est plus aussi limit\u00e9 qu'avant. Comme le dit tr\u00e8s joliment Jean-Claude Gu\u00e9don, professeur au d\u00e9partement de litt\u00e9rature compar\u00e9e de l'universit\u00e9 de Montr\u00e9al : \" Un oiseau num\u00e9ris\u00e9 ne conna\u00eet pas de cage\".\r\n

Une nouvelle notion de la propri\u00e9t\u00e9

\r\nLa notion de propri\u00e9t\u00e9 ne dispara\u00eet pas pour autant. Par exemple dans le d\u00e9veloppement de logiciels libres, assez souvent, une personne d\u00e9tient le droit d'int\u00e9grer les modifications propos\u00e9es par tous. Raymond l'appelle le \"dictateur bienveillant.\" Mais tout le monde peut venir utiliser, copier ou redistribuer librement le logiciel produit collectivement. Tout le monde peut circuler librement sur le territoire du propri\u00e9taire et c'est justement cela qui lui donne de la valeur.\r\n

Une nouvelle notion de l'\u00e9conomie

\r\nL'\u00e9conomie elle-m\u00eame a \u00e9t\u00e9 bas\u00e9e sur les \u00e9changes entre deux protagonistes (la transaction), et la consommation \/\/in fine\/\/ par celui que les experts appellent \" le destructeur final \" (le consommateur.) Si nous voulons comprendre au mieux les r\u00e8gles du domaine des biens immat\u00e9riels, nous devrons \u00e9tendre les analyses actuelles pour prendre en compte : les \u00e9changes collectifs (avec un \u00e9quilibrage global et non plus \u00e9l\u00e9mentaire) et l'utilisation sans consommation de biens.\r\n

L'\u00e9conomie du don

\r\nUn des exemples d'\u00e9conomie qui ne soit pas bas\u00e9 sur la transaction, ressemble fort \/\/a priori\/\/ \u00e0 une utopie. Il s'agit de l'\u00e9conomie du don telle qu'on la trouve dans quelques environnements tr\u00e8s sp\u00e9cifiques.\r\nL'expression \" \u00e9conomie du don \" ne doit pourtant pas \u00eatre comprise comme une sorte d'utopie qui pousserait chacun \u00e0 devenir altruiste m\u00eame si cela va \u00e0 l'encontre de son int\u00e9r\u00eat personnel. Il s'agit plut\u00f4t d'un mode d'\u00e9change asym\u00e9trique. Lorsque monnayer un bien n'a plus de sens car il est abondant et facile \u00e0 trouver, et lorsque l'on a satisfait ses besoins minimaux de survie, la seule chose que l'on puisse encore rechercher est l'estime de la communaut\u00e9. Le fait que la contrepartie du don passe par l'ensemble des autres personnes aide \u00e0 faire converger les int\u00e9r\u00eats individuels et collectifs.\r\n

L'abondance source du don

\r\nL'un des \u00e9l\u00e9ments cl\u00e9s qui favorise le basculement d'une \u00e9conomie d'\u00e9change vers une \u00e9conomie du don est le passage de la p\u00e9nurie \u00e0 l'abondance. L'abondance signifie que les acteurs ont r\u00e9solu leurs besoins de s\u00e9curit\u00e9 et qu'ils recherchent autre chose comme par exemple de la reconnaissance. L'abondance peut exister, nous l'avons vu, dans le domaine des biens immat\u00e9riels et dans le domaine du savoir...\r\n\"\"<div class=\"row-fluid\">\r\n<div class=\"well\" style=\"text-align:justify\">\"\"

Quelques exemples d'\u00e9conomie du don

\r\nIl existe diff\u00e9rentes communaut\u00e9s qui b\u00e9n\u00e9ficient \u00e0 la fois de la s\u00e9curit\u00e9 mat\u00e9rielle et de l'abondance. Dans ces diff\u00e9rents cas, ces communaut\u00e9s ont vu \u00e9merger naturellement une \u00e9conomie du don.\r\nDans certaines \u00eeles tropicales, la nourriture est abondante. Marcel Mauss a \u00e9tudi\u00e9 la mise en place du don et ses diff\u00e9rentes caract\u00e9ristiques\"\"<a href=\"#ancre4\"><sup>4<\/sup><\/a>\"\".\r\nPlus pr\u00e8s de nous, la communaut\u00e9 scientifique a depuis tr\u00e8s longtemps une habitude du partage de toutes ses d\u00e9couvertes. Les colloques sont l'occasion de pr\u00e9senter \u00e0 tous ses r\u00e9sultats et d'en retirer consid\u00e9ration et estime.\r\nLa communaut\u00e9 des d\u00e9veloppeurs de logiciels libres a suivi un chemin similaire. Il s'agissait au d\u00e9but de chercheurs travaillant dans divers laboratoires et universit\u00e9s (ils b\u00e9n\u00e9ficiaient donc d'une relative s\u00e9curit\u00e9 mat\u00e9rielle.) Ils ont appliqu\u00e9 avec succ\u00e8s les m\u00eames m\u00e9thodes que les scientifiques dans le domaine apparemment plus industriel du logiciel.\r\nEnfin, la petite communaut\u00e9 des personnes particuli\u00e8rement riches passe beaucoup de temps \u00e0 s'investir dans de grandes causes humanitaires pour gagner l'estime de ses contemporains.\r\n\r\n\"\"<\/div>\r\n<\/div><!--\/.row-fluid -->\"\"

L'abondance est...abondante

\r\nLe champ touch\u00e9 est bien plus vaste qu'on ne peut l'imaginer. Si les biens mat\u00e9riels semblent limit\u00e9s pour une majorit\u00e9 de personnes, il peut en aller autrement avec les biens immat\u00e9riels. Ainsi le proverbe de Kuan-Tseu \" Si tu donnes un poisson \u00e0 un homme, il se nourrira une fois; si tu lui apprends \u00e0 p\u00eacher, il se nourrira toute sa vie \". Le poisson est un bien de consommation qui peut \u00eatre rare s'il vient \u00e0 manquer ou si peu de personnes p\u00eachent. Apprendre \u00e0 p\u00eacher est au contraire un savoir qui devient de plus en plus abondant \u00e0 chaque fois qu'une personne apprend \u00e0 p\u00eacher \u00e0 une autre.\r\n

Les r\u00e8gles du don

\r\nTout n'est pourtant pas rose dans le monde de l'abondance et du don. Le changement des r\u00e8gles du jeu ne fait pas de tout le monde un altruiste.\r\nDes d\u00e9rives sont ainsi observ\u00e9es lorsqu'une ou plusieurs des caract\u00e9ristiques qui forment le don ne sont pas respect\u00e9es. L'\u00e9conomie du don est simplement r\u00e9gie par des r\u00e8gles propres diff\u00e9rentes de celles de l'\u00e9conomie bas\u00e9e sur la consommation.\r\n

Premi\u00e8re d\u00e9viation : entretenir la p\u00e9nurie

\r\nUne des premi\u00e8res d\u00e9viations consiste \u00e0 fabriquer artificiellement de la p\u00e9nurie pour revenir aux r\u00e8gles mieux connues de l'\u00e9conomie de la consommation. Cela est courant sur des biens mat\u00e9riels tels que le p\u00e9trole. Il est \u00e9galement possible de rendre \"usables\" ou plus pr\u00e9cis\u00e9ment \"obsol\u00e8tes\" des biens immat\u00e9riels. L'industrie du logiciel y a tellement bien r\u00e9ussit que l'administration fiscale consid\u00e8re en France que la dur\u00e9e d'amortissement d'un logiciel est de 1 an, soit beaucoup moins que le mat\u00e9riel informatique !\r\nSi les brevets, les droits de propri\u00e9t\u00e9 intellectuelle et la mode ont pour objectif de prot\u00e9ger la cr\u00e9ation, ils doivent cependant \u00eatre \u00e9tudi\u00e9s avec beaucoup de soin pour ne pas devenir une arme contre l'abondance et... la cr\u00e9ation.\r\n

Premi\u00e8re r\u00e8gle : l'abondance pr\u00e9serv\u00e9e et bien r\u00e9partie

\r\nLe projet doit porter sur un bien qui peut devenir abondant pour favoriser une \u00e9conomie du don. Cela devrait \u00eatre le cas des biens immat\u00e9riels non consommables (la connaissance, les logiciels, les contenus...). Dans ce cas, l'\u00e9change conduit \u00e0 une multiplication de la valeur. Souvent le passage \u00e0 une \u00e9conomie d'abondance ou de p\u00e9nurie ne d\u00e9pend pas seulement de l'abondance du bien au d\u00e9part mais \u00e9galement des m\u00e9canismes de r\u00e9partition et de protection.\r\n

Deuxi\u00e8me d\u00e9viation : Donner pour \u00e9craser l'autre

\r\nMalgr\u00e9 le sens altruiste que peut sembler avoir \" l'\u00e9conomie du don \", il s'agit simplement d'une \u00e9conomie avec des r\u00e8gles ni meilleures ni pires, simplement diff\u00e9rentes. Ainsi Maurice Godelier, d\u00e9crit les r\u00e8gles d'un don particulier : le \/\/potlatch\/\/. Il s'agit d'un don ou d'une destruction \u00e0 caract\u00e8re sacr\u00e9, constituant un d\u00e9fi \u00e0 l'autre de faire un don \u00e9quivalent. \" Dans le \/\/potlatch\/\/, on donne pour \u00e9craser l'autre par son don. Pour cela on lui donne plus qu'il ne pourra rendre ou on lui donne beaucoup plus qu'il n'a donn\u00e9 \"\"\"<a href=\"#ancre5\"><sup>5<\/sup><\/a>\"\".\r\n

Deuxi\u00e8me r\u00e8gle : L'\u00e9valuation est globale et d\u00e9centralis\u00e9e

\r\nL'autre grand changement r\u00e9side dans l'\u00e9valuation. Elle se fait de fa\u00e7on d\u00e9centralis\u00e9e, par tous et sur l'ensemble des dons r\u00e9alis\u00e9s. Cela est tr\u00e8s diff\u00e9rent de l'\u00e9conomie d'\u00e9change qui \u00e9value chaque transaction de fa\u00e7on unitaire. Une des cons\u00e9quences est que l'\u00e9valuation est empirique et d\u00e9pend de chacun. Elle n'est pas mesurable car il n'est pas possible de comparer de fa\u00e7on certaine la reconnaissance obtenue avec une unit\u00e9 donn\u00e9e.\r\n\r\n\"\"<div class=\"well\" style=\"text-align:justify\"> \"\"

L'exemple des \/\/benchmarks\/\/

\r\nDans l'\u00e9conomie d'\u00e9change, les \"\/\/benchmarks\/\/\" (crit\u00e8res communs de r\u00e9f\u00e9rence) sont de plus en plus communs et r\u00e9pandus dans les march\u00e9s mondiaux, chacun peut plus ou moins en appr\u00e9hender l'\u00e9volution. Dans l'\u00e9conomie du don chacun a son propre \"\/\/benchmarking system\/\/\" en fonction de ses crit\u00e8res subjectifs propres. Mais le ph\u00e9nom\u00e8ne de groupe pourrait g\u00e9n\u00e9rer l'apparition de \/\/benchmarks\/\/ localement reconnus.\r\n\"\"<\/div>\"\"\r\n\r\nNous verrons plus loin les r\u00e8gles \u00e0 respecter pour mettre en place un m\u00e9canisme d'\u00e9valuation auto-r\u00e9gul\u00e9.\r\n

Troisi\u00e8me d\u00e9viation : r\u00e9clamer son d\u00fb

\r\nUne autre d\u00e9viation est de demander un retour pour son don \u00e0 la personne qui en a b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 ou \u00e0 sa famille, au lieu d'attendre de le recevoir de l'ensemble de ses pairs. Cette d\u00e9viation est souvent observ\u00e9e dans les familles africaines qui ont par ailleurs une grande tradition de solidarit\u00e9 et de coop\u00e9ration.\r\n

Troisi\u00e8me r\u00e8gle : Une contrepartie non demand\u00e9e-le m\u00e9canisme \u00e0 deux temps

\r\nUne troisi\u00e8me chose qui change dans l'\u00e9conomie du don, est ce que gagne le donneur. Dans l'\u00e9conomie bas\u00e9e sur la transaction individuelle, celui qui donne un bien demande en \u00e9change un autre bien \u00e9quivalent ou une repr\u00e9sentation de la valeur du bien (de l'argent). Lors d'un don, le donneur n'attend pas de retour de celui qui re\u00e7oit et n'attend pas m\u00eame de retour imm\u00e9diat. Il re\u00e7oit ult\u00e9rieurement de la reconnaissance par l'ensemble de la communaut\u00e9 qui \u00e9value non pas chaque don mais l'ensemble de ce qu'il a apport\u00e9. Cette reconnaissance lui apporte dans un deuxi\u00e8me temps des avantages comme nous le verrons plus loin.\r\n\r\nAinsi, il n'est pas n\u00e9cessaire d'attendre de tous de l'altruisme pour mettre en place des projets faisant appel \u00e0 la coop\u00e9ration. Les donateurs retirent des avantages qui sont simplement plus subtiles \u00e0 comprendre car ils s'inscrivent dans une logique en deux temps qui apporte des b\u00e9n\u00e9fices dans la dur\u00e9e.\r\nUnit\u00e9 donn\u00e9e.\r\n\r\n\"\"<div class=\"row-fluid\">\r\n<div class=\"well\" style=\"text-align:justify\">\"\"

R\u00e9sum\u00e9

\r\nUne \u00e9conomie du don \u00e9merge lorsque les biens communs sont abondants. Celle-ci implique de nouvelles notions de propri\u00e9t\u00e9 et d'\u00e9conomie.\r\n\r\nLes \u00e9changes de bien immat\u00e9riels conduisent normalement \u00e0 une multiplication de la valeur et \u00e0 leur abondance. Il est souvent possible de faire des choix qui poussent vers la p\u00e9nurie ou vers l'abondance.\r\n\r\nIl existe des r\u00e8gles du don qui si elles ne sont pas respect\u00e9es conduisent \u00e0 des d\u00e9viations :\r\n\r\n - L'abondance doit \u00eatre pr\u00e9serv\u00e9e et bien r\u00e9partie pour \u00e9viter le retour \u00e0 une \u00e9conomie de la consommation.\r\n - L'\u00e9valuation doit \u00eatre globale et d\u00e9centralis\u00e9e pour ne pas qu'un don particulier serve \u00e0 \u00e9craser l'autre.\r\n - La contrepartie ne doit pas \u00eatre demand\u00e9e \u00e0 celui qui re\u00e7oit pour \u00e9viter les dettes...\r\n\r\n\"\"<\/div>\r\n<\/div><!--\/.row-fluid -->\"\"

Faciliter la convergence en donnant une vision \u00e0 long terme

\r\n

Le dilemme du prisonnier

\r\nL'exemple du \" dilemme du prisonnier \" pr\u00e9sente un paradoxe o\u00f9 des personnes peuvent agir \u00e0 l'encontre de leur propre int\u00e9r\u00eat. Un malfaiteur et son complice sont pris par la police. Chacun a le choix de trahir ou de ne pas trahir l'autre mais ne conna\u00eet pas \u00e0 l'avance la r\u00e9action de son complice. Dans cette situation si les deux s'entendent, ils s'en tireront globalement mieux. Mais l'un peut \u00eatre tent\u00e9 de trahir son complice pour ne pas \u00eatre le seul inculp\u00e9 pour le cas o\u00f9 l'autre le trahirait. Il peut \u00e9galement dans ce cas b\u00e9n\u00e9ficier par sa d\u00e9nonciation d'une peine all\u00e9g\u00e9e. Tr\u00e8s souvent, dans le doute, les deux prisonniers se d\u00e9noncent l'un l'autre et se retrouvent tous les deux perdants \"\"<a href=\"#ancre6\"><sup>6<\/sup><\/a>\"\".\r\n\r\nCe type de situation se rencontre assez fr\u00e9quemment dans la vie. Ne sachant pas comment va r\u00e9agir l'autre nous envisageons le cas o\u00f9 il nous trahit (ou plus simplement le cas o\u00f9 il ne coop\u00e8re pas). Dans ce cas o\u00f9 l'autre ne joue pas le jeu, la situation la moins mauvaise pour nous est de ne pas jouer le jeu nous m\u00eame. Pourtant, d'un point de vue plus global, le gain est bien plus important pour chacun si les deux coop\u00e8rent.\r\n

La m\u00e9thode CRP

\r\nLe \"dilemme du prisonnier\" a \u00e9t\u00e9 \u00e9tudi\u00e9 dans le cadre de la th\u00e9orie des jeux.. En l'absence d'information sur la r\u00e9action de l'autre, la r\u00e9ponse individuelle la moins mauvaise va \u00e0 l'encontre de l'int\u00e9r\u00eat collectif. Pourtant, les r\u00e9sultats changent lorsqu'il ne s'agit plus d'un \u00e9v\u00e9nement unique mais de plusieurs it\u00e9rations. Dans ce cas, chacun peut obtenir au fur et \u00e0 mesure des informations sur la fa\u00e7on dont l'autre va r\u00e9agir.\r\n\r\nLes simulations qui ont \u00e9t\u00e9 faites montrent que la solution la plus efficace est de commencer par coop\u00e9rer puis de calquer son attitude sur les r\u00e9ponses de l'autre : S'il coop\u00e8re, on coop\u00e8re \u00e9galement, s'il trahit, on fait de m\u00eame.\r\n\r\nPlus pr\u00e9cis\u00e9ment, la strat\u00e9gie la plus efficace a \u00e9t\u00e9 d\u00e9couverte en 1974 par le philosophe et psychologue Anatol Rapaport cit\u00e9 par Bernard Werber \"\"<a href=\"#ancre7\"><sup>7<\/sup><\/a>\"\" : il s'agit de la m\u00e9thode CRP (Coop\u00e9ration-R\u00e9ciprocit\u00e9-Pardon). Dans ce cas, on commence par coop\u00e9rer, puis en fonction de ce que fait l'autre personne on calque son attitude sur la sienne, et enfin on remet les compteurs \u00e0 z\u00e9ro en \u00e9tant pr\u00eat \u00e0 coop\u00e9rer de nouveau. Cette fa\u00e7on de faire est la plus efficace pour qu'une personne qui a trahi comprenne \u00e0 la fois que vous ne vous laisserez pas faire, mais que vous \u00eates pr\u00eat \u00e0 repartir sur une base de coop\u00e9ration.\r\n

Permettre le maximum d'occasions d'interactions dans la dur\u00e9e

\r\nDe ces deux exemples, nous pouvons constater que lorsque l'exp\u00e9rience est unique, la tendance est \u00e0 la trahison, alors qu'apr\u00e8s des essais r\u00e9p\u00e9t\u00e9s, il devient possible d'avoir une strat\u00e9gie qui converge vers la coop\u00e9ration.\r\n\r\nPour permettre \u00e0 ces diff\u00e9rentes interactions de s'op\u00e9rer, il faut avoir pass\u00e9 suffisamment de temps ensemble. Mettre des personnes ensemble dans la dur\u00e9e et cr\u00e9er entre elles un lien de confiance est la d\u00e9finition m\u00eame d'une communaut\u00e9.\r\n

Une communaut\u00e9 pour une coop\u00e9ration dans la dur\u00e9e

\r\nUne des fa\u00e7ons la plus efficace de faire coop\u00e9rer des personnes est de cr\u00e9er un esprit de communaut\u00e9. Cela implique un sentiment d'appartenance et une confiance r\u00e9ciproque entre les membres.\r\n\r\nDe nouveau, en proposant des nouvelles r\u00e8gles du jeu, cela ne veut pas dire que chacun est devenu altruiste. Il existe donc des risques pour les communaut\u00e9s qui peuvent produire un r\u00e9sultat inverse de celui attendu.\r\n

Premier danger : La communaut\u00e9 meurt avant d'avoir une histoire

\r\nLe d\u00e9marrage de la communaut\u00e9 est le moment le plus sensible. Lorsque les interactions entre les membres de la communaut\u00e9 se d\u00e9veloppent, il y a naturellement des trahisons qui conduisent \u00e0 des conflits.\r\n\r\nLe d\u00e9marrage d'une communaut\u00e9 est un passage oblig\u00e9. Les avantages de la communaut\u00e9 ne sont pas encore l\u00e0, et les \u00e9tapes multiples qui pourraient permettre de sortir du dilemme du prisonnier n'ont pas encore pu s'op\u00e9rer.\r\n

Premi\u00e8re r\u00e8gle : Donnez aux personnes une vision \u00e0 long terme

\r\nNous avons vu que la m\u00e9thode optimum \u00e9tait de commencer \u00e0 coop\u00e9rer (quitte \u00e0 agir ensuite \u00e0 l'inverse suivant les r\u00e9actions de l'autre). Il est donc possible de favoriser la coop\u00e9ration entre des personnes qui n'ont pas de pass\u00e9 commun si ces personnes ont la perception qu'il y aura d'autres moments en commun dans le futur.\r\n\r\nLes sociologues appellent distance d'horizon \"\"<a href=\"#ancre8\"><sup>8<\/sup><\/a>\"\", la dur\u00e9e pendant laquelle des personnes pensent qu'ils seront ensemble. Cette notion, tr\u00e8s subjective, est un facteur cl\u00e9 pour que les acteurs coop\u00e8rent ou non. Il y a ainsi nettement moins de vol dans les petits magasins de quartier m\u00eame lorsque le magasin vient de s'installer, que dans les grandes surfaces anonymes et indiff\u00e9renci\u00e9es. Les cons\u00e9quences per\u00e7ues d'un acte sont diff\u00e9rentes suivant l'histoire que l'on pense avoir par la suite avec les personnes concern\u00e9es.\r\n\r\nBien s\u00fbr, il ne s'agit pas d'une r\u00e8gle absolue. Tout le monde n'agit pas au mieux de ses int\u00e9r\u00eats car la m\u00e9thode CRP n'est pas assimil\u00e9e par tout le monde. Mais la vision d'un futur commun favorise la coop\u00e9ration alors que le manque d'horizon \u00e0 long terme favorise les comportements inverses.\r\n\r\nPlus les personnes ont eu des exp\u00e9riences positives de coop\u00e9ration en voyant autour d'elles d'autres personnes commen\u00e7ant par coop\u00e9rer, plus elles assimilent la m\u00e9thode CRP et plus il est facile de mettre en place une communaut\u00e9.\r\n

Deuxi\u00e8me danger : Le pass\u00e9 perdu

\r\nLorsque l'on a pass\u00e9 un certain temps avec des personnes, de nombreuses \u00e9preuves bas\u00e9es sur le dilemme du prisonnier ont eu lieu. Si le groupe n'est pas mort de ces tribulations, il se renforce au fur et \u00e0 mesure. Mais l'une des particularit\u00e9s de l'\u00eatre humain est sa capacit\u00e9 d'oubli. Cette fonction est indispensable pour ne pas encombrer le cerveau de toutes les exp\u00e9riences non utilis\u00e9es. Mais au fur et \u00e0 mesure que la coop\u00e9ration s'instaure, la notion de danger s'\u00e9loigne et la m\u00e9moire consid\u00e8re les souvenirs des diff\u00e9rentes \u00e9preuves pass\u00e9es comme moins prioritaires.\r\n\r\nSi les exp\u00e9riences pass\u00e9es sont oubli\u00e9es, le groupe revient \u00e0 la situation bien plus p\u00e9rilleuse du d\u00e9but de la communaut\u00e9.\r\n

Deuxi\u00e8me r\u00e8gle : L'histoire est la base du futur

\r\nL'h\u00e9ritage du groupe est un \u00e9l\u00e9ment fondamental pour lui permettre de continuer de b\u00e2tir sa coh\u00e9sion plut\u00f4t que de revenir au dangereux point de d\u00e9part.\r\n\r\nAvec les \u00e9changes que nous avons \u00e9tudi\u00e9s au chapitre pr\u00e9c\u00e9dant, l'h\u00e9ritage constitue le deuxi\u00e8me fondement d'une soci\u00e9t\u00e9 humaine selon Maurice Godelier \"\"<a href=\"#ancre9\"><sup>9<\/sup><\/a>\"\" : \"Nos analyses nous am\u00e8nent \u00e0 conclure qu'il ne saurait y avoir de soci\u00e9t\u00e9 humaine sans deux domaines, celui des \u00e9changes, quel que soit ce que l'on \u00e9change et quelle que soit la forme de cet \u00e9change, du don au \/\/potlatch\/\/, du sacrifice \u00e0 la vente, \u00e0 l'achat, au march\u00e9, et celui o\u00f9 les individus et les groupes conservent pr\u00e9cieusement pour eux-m\u00eames, puis les transmettent \u00e0 leurs descendants ou \u00e0 ceux qui partagent la m\u00eame foi, des choses, des r\u00e9cits, des noms, des formes de pens\u00e9e. Car ce que l'on garde constitue toujours des \"r\u00e9alit\u00e9s\" qui ram\u00e8nent les individus et les groupes vers un autre temps, qui les remettent face \u00e0 leurs origines, \u00e0 l'origine.\r\n\r\nNous verrons qu'une des t\u00e2ches fondamentale du coordinateur est de d\u00e9velopper un historique qui capitalise l'h\u00e9ritage commun\r\n\r\nOutre les relations de confiances qui s'\u00e9tablissent progressivement au sein de la communaut\u00e9, la communaut\u00e9 est \u00e9galement bas\u00e9e sur le sentiment d'appartenance. La mise en place de \"rites\" et de r\u00e9f\u00e9rences communes constituent \u00e9galement un socle sur lequel se b\u00e2tit l'h\u00e9ritage collectif.\r\n

Troisi\u00e8me danger : le cycle mim\u00e9tique

\r\nNous avons beaucoup de mal \u00e0 admettre qu'en plus de nos comportements individuels que nous avons l'impression de contr\u00f4ler, nous sommes soumis \u00e0 des comportements collectifs. Les mouvements de foules et les r\u00e9actions de panique nous sont famili\u00e8res pour ce que nous en avons vu dans les films ou parfois v\u00e9cut dans nos vies. Mais il nous semble impossible que nous puissions faire nous m\u00eame des choses qui nous semblent aussi insens\u00e9es par simple mim\u00e9tisme.\r\nRen\u00e9 Girard \"\"<a href=\"#ancre10\"><sup>10<\/sup><\/a>\"\" d\u00e9peint un comportement collectif ancr\u00e9 dans les comportements humains qui sauvegarde l'int\u00e9grit\u00e9 de la communaut\u00e9 gr\u00e2ce au sacrifice d'un \"bouc \u00e9missaire\". Le cycle mim\u00e9tique qu'il d\u00e9crit se passe en plusieurs \u00e9tapes.\r\nUn conflit commence souvent par un \"d\u00e9sir mim\u00e9tique\" qui consiste \u00e0 vouloir ce que l'autre d\u00e9tient.\r\nLorsqu'un conflit arrive (et il en arrive bien s\u00fbr plus ou moins fr\u00e9quemment), la personne qui se sent trahie a assez souvent une attitude agressive. Que nous le reconnaissions ou non nous avons une tendance naturelle au mim\u00e9tisme et nos attitudes se calquent sur celle de l'autre (m\u00eame si vous ne le reconnaissez pas, les publicitaires l'ont eux, bien compris). Par mim\u00e9tisme, l'autre personne adopte une attitude agressive et s'engage alors dans ce que les psychologues appellent parfois du \"ping-pong verbal\" o\u00f9 l'objectif est d'abattre l'ent\u00eatement de l'autre avec obstination, chacun pompant l'\u00e9nergie de l'autre.\r\n\r\nLa troisi\u00e8me \u00e9tape est l'extension, toujours par mim\u00e9tisme, \u00e0 toute la communaut\u00e9 de l'\u00e9tat d'agressivit\u00e9 et les conflits se multiplient. Ce m\u00e9canisme est fort bien d\u00e9crit et de fa\u00e7on amusante dans la bande dessin\u00e9e \"Ast\u00e9rix et la Zizanie\". Au fur et \u00e0 mesure que les r\u00e9actions agressives se multiplient, le groupe influence les comportements et produit un effet auto-cumulatif.\r\nLorsque la tension dans le groupe atteint un niveau dangereux qui met en p\u00e9ril son int\u00e9grit\u00e9, soit il y a scission, chacun prenant parti dans un camp ou un autre, soit le groupe \u00e9vacue l'ensemble de l'agressivit\u00e9 au travers d'un \"bouc \u00e9missaire\". Celui-ci est choisi de pr\u00e9f\u00e9rence en dehors des multiples conflits qui n'ont d'autres liens entre eux que l'effet mim\u00e9tique. Il s'agit souvent d'une personne plus faible et surtout diff\u00e9rente sur laquelle vont s'acharner de fa\u00e7on irrationnelle toutes les agressivit\u00e9s.\r\nUne fois le trop plein d'agressivit\u00e9 d\u00e9vers\u00e9, le bouc \u00e9missaire est \"diabolis\u00e9\" comme la source de tous les maux pour justifier la r\u00e9unification du groupe autour de son an\u00e9antissement et oublier les circonstances du \"sacrifice\". Le groupe r\u00e9concili\u00e9 a sauvegard\u00e9 son int\u00e9grit\u00e9 en sacrifiant un bouc \u00e9missaire innocent. L'oubli permet au groupe de reprendre son cours jusqu'au prochain cycle.\r\n

Troisi\u00e8me r\u00e8gle : Rendre visible le m\u00e9canisme du bouc \u00e9missaire

\r\nUne des difficult\u00e9s pour comprendre le m\u00e9canisme du cycle mim\u00e9tique est justement d\u00fb au fait qu'il ne peut fonctionner que s'il est inconscient. Les participants \u00e0 ce cycle ne peuvent accepter ni le mim\u00e9tisme de leur comportement, ni son paroxysme irrationnel jusqu'au d\u00e9versement de toute l'agressivit\u00e9 sur un innocent et encore moins le m\u00e9canisme d'oubli de cette atrocit\u00e9.\r\n\r\nRen\u00e9 Girard poursuit en montrant que le m\u00e9canisme de victimisation qui place les victimes au centre de notre attention est tr\u00e8s ancr\u00e9 dans notre civilisation jud\u00e9o-chr\u00e9tienne. Nos informations se concentrent fortement sur les cons\u00e9quences sur les victimes, ce qui n'\u00e9tait pas le cas dans des temps plus recul\u00e9s. Ce processus \u00e0 un effet b\u00e9n\u00e9fique car il rend plus difficile l'aveuglement et l'oubli n\u00e9cessaire au fonctionnement du cycle mim\u00e9tique.\r\nRendre visible le m\u00e9canisme de \"bouc \u00e9missaire\" permet de casser le cycle mim\u00e9tique. Il n'emp\u00eache cependant pas la mont\u00e9e de la tension et il est n\u00e9cessaire de trouver une nouvelle soupape de s\u00e9curit\u00e9 plus acceptable. Le chapitre sur la r\u00e9solution des conflits pr\u00e9sente quelques r\u00e9flexions suppl\u00e9mentaires.\r\nLe mim\u00e9tisme de l'\u00eatre humain n'a pas que des effets n\u00e9gatifs. Il est aussi possible de le prendre en compte de fa\u00e7on positive, comme par exemple dans la possibilit\u00e9 de diss\u00e9miner la m\u00e9thode CRP dans la communaut\u00e9 \"par l'exemple\".\r\n

Quatri\u00e8me danger : la communaut\u00e9 ferm\u00e9e

\r\nLe quatri\u00e8me danger qui guette une communaut\u00e9 est de se refermer sur elle-m\u00eame. Le groupe peut continuer sa progression mais en se coupant de l'ext\u00e9rieur, il risque d'adopter des comportements sectaires pr\u00e9judiciables \u00e0 ses membres.\r\n\r\nCela ne veut pas dire qu'il ne doit pas y avoir de fronti\u00e8re entre l'int\u00e9rieur et l'ext\u00e9rieur de la communaut\u00e9. Le sentiment d'appartenance et l'existence de particularit\u00e9s sp\u00e9cifiques au groupe sont indispensables pour qu'une communaut\u00e9 existe. Mais elle ne peut s'enrichir qu'en restant ouverte sur l'ext\u00e9rieur.\r\n

Quatri\u00e8me r\u00e8gle : Permettre la sortie et la multi-appartenance

\r\nIl n'est pas toujours facile de trouver des crit\u00e8res objectifs pour qualifier un groupe d'ouvert ou de ferm\u00e9. Le rapport parlementaire fran\u00e7ais sur les sectes \"\"<a href=\"#ancre11\"><sup>11<\/sup><\/a>\"\" propose de faire un contr\u00f4le fiscal sur les mouvements suspects car ils ont souvent pour but d'apporter richesses et pouvoir \u00e0 un pr\u00e9sum\u00e9 gourou.\r\n\r\nIl existe cependant deux crit\u00e8res qui favorisent l'ouverture du groupe vers l'ext\u00e9rieur :\r\n - Chaque participant doit pouvoir en sortir \u00e0 tout moment.\r\n - L'appartenance \u00e0 d'autres groupes doit \u00eatre autoris\u00e9e et m\u00eame encourag\u00e9e pour enrichir le groupe au travers de ces liaisons informelles.\r\n\r\n\"\"<div class=\"row-fluid\">\r\n<div class=\"well\" style=\"text-align:justify\"> \"\"

R\u00e9sum\u00e9

\r\nSi la strat\u00e9gie dominante dans le cas d'une rencontre unique est souvent la trahison, c'est la m\u00e9thode CRP (Coop\u00e9ration, R\u00e9ciprocit\u00e9, Pardon) qui est la plus efficace lorsqu'il y a de nombreuses exp\u00e9riences it\u00e9ratives communes.\r\n\r\nUne communaut\u00e9 permet de multiplier les occasions d'exp\u00e9riences et donc de favoriser une convergence vers la coop\u00e9ration.\r\n\r\nIl existe des r\u00e8gles pour \u00e9viter que la communaut\u00e9 ne d\u00e9vie:\r\n - Donner \u00e0 chacun une vision \u00e0 long terme.\r\n - Pour permettre le d\u00e9veloppement de comportements du type CRP.\r\n - D\u00e9velopper un historique pour pr\u00e9server l'h\u00e9ritage commun.\r\n - Pour \u00e9viter les \"retours \u00e0 z\u00e9ro\".\r\n - Rendre visible le m\u00e9canisme du cycle mim\u00e9tique et trouver une autre soupape.\r\n - Pour briser la focalisation sur un \"bouc \u00e9missaire\".\r\n - Permettre \u00e0 tous de sortir \u00e0 tout moment et encourager l'appartenance \u00e0 d'autres groupes.\r\n - Pour \u00e9viter la sectarisation d'un groupe ferm\u00e9.\r\n\r\n\"\"<\/div>\r\n<\/div><!--\/.row-fluid -->\"\"

Faciliter la convergence par la mise en place de m\u00e9canismes d'estime

\r\n

Le principe de Peter

\r\nLaurence J. Peter a \u00e9tudi\u00e9 les paradoxes qui poussent une organisation \u00e0 toujours aller de plus en plus mal. Son principe le plus connu indique que \"Dans une hi\u00e9rarchie, toute personne tend \u00e0 s'\u00e9lever jusqu'\u00e0 atteindre son niveau d'incomp\u00e9tence\" \"\"<a href=\"#ancre12\"><sup>12<\/sup><\/a>\"\"\r\n\r\nEn effet, lorsque quelqu'un est nomm\u00e9 \u00e0 un poste et qu'il remplit correctement sa t\u00e2che, il est promu \u00e0 un nouveau poste. Le processus se poursuit, lui permettant de mettre ses comp\u00e9tences au service de t\u00e2ches toujours plus complexes jusqu'\u00e0 ce qu'il arrive \u00e0 un poste o\u00f9 il a atteint son \"niveau d'incomp\u00e9tence\". Il n'est alors plus capable de remplir aussi bien son r\u00f4le et n'est donc plus promu. Il reste alors bloqu\u00e9 au poste o\u00f9 il est le moins comp\u00e9tent.\r\n\r\nCe cas n'est qu'un des multiples paradoxes qui apparaissent lorsque l'on souhaite \u00e9valuer le travail humain de fa\u00e7on aussi objective que les faits concrets et scientifiques. De ce point de vue, les travaux de Taylor qui ont rendu la planification plus scientifique sont plus adapt\u00e9s aux machines qu'aux hommes. A l'\u00e9poque ou ils ont \u00e9t\u00e9 publi\u00e9s, de nombreuses personnes faisaient le travail de machines. Aujourd'hui, les machines se sont perfectionn\u00e9es suffisamment pour prendre en charge la plupart des travaux r\u00e9p\u00e9titifs et planifiables. En contrepartie, les t\u00e2ches de cr\u00e9ation, ainsi que celles demandant une tr\u00e8s grande adaptabilit\u00e9 et une estimation subjective se d\u00e9veloppent fortement.\r\n\r\nIl ne s'agit absolument pas de refuser toute \u00e9valuation mais au contraire de trouver de nouvelles m\u00e9thodes qui prennent mieux en compte les sp\u00e9cificit\u00e9s humaines : subjectivit\u00e9, motivation ou d\u00e9motivation, bonne ou mauvaise foi. Ces diff\u00e9rents crit\u00e8res ont comme particularit\u00e9 de ne pas \u00eatre mesurables m\u00eame si on peut les estimer dans une certaine mesure. Il s'agit donc d'une v\u00e9ritable r\u00e9volution des syst\u00e8mes d'\u00e9valuation dans un monde bas\u00e9 depuis le XVIIe si\u00e8cle sur des mesures objectives. Nous verrons cependant que des \u00e9valuations m\u00eames subjectives peuvent produire des ph\u00e9nom\u00e8nes de r\u00e9gulation et d'autocorrection qui sont leur v\u00e9ritable raison d'\u00eatre.\r\n

L'\u00e9valuation dans les projets classiques

\r\nLe but de l'\u00e9valuation dans une gestion classique de projet est triple :\r\n - Savoir \u00e0 l'avance si un projet peut \u00eatre confi\u00e9 \u00e0 quelqu'un ou \u00e0 une \u00e9quipe.\r\n - Faire en sorte de corriger le projet pendant son d\u00e9roulement pour am\u00e9liorer ses r\u00e9sultats.\r\n - Juger apr\u00e8s le projet s'il s'est d\u00e9roul\u00e9 correctement.\r\nHabituellement, dans les projets industriels soumis \u00e0 un appel d'offre par exemple, ce sont les premiers et derniers buts qui priment. L'investissement d'un mandataire \u00e9tant lourd, il cherche \u00e0 savoir \u00e0 l'avance si son argent est bien plac\u00e9. Pendant le projet, il cherche \u00e0 le corriger pour que la suite du projet se d\u00e9roule bien. A la fin, il juge ensuite si le r\u00e9sultat peut servir pour des \u00e9tapes ult\u00e9rieures (diffusion des r\u00e9sultats ou apport de base \u00e0 un autre projet suivant une cha\u00eene \"tayloris\u00e9e\").\r\n

Premi\u00e8re D\u00e9viation : l'\u00c9valuation \/\/a priori\/\/

\r\nSouvent, pour attirer des contributeurs, on leur propose un \"titre\" au sein du projet. Celui-ci sert bien souvent \u00e0 motiver la personne en lui apportant d\u00e8s le d\u00e9part des \u00e9l\u00e9ments de reconnaissance. Attention cependant, les titres pr\u00e9sentent trois dangers :\r\n - Il s'agit d'une reconnaissance \/\/a priori\/\/ : qui nous replace dans le principe de Peter.\r\n - Ils donnent souvent un pouvoir hi\u00e9rarchique coercitif.\r\n - Ils pr\u00e9sentent un danger lorsqu'ils sont op\u00e9rationnels car ils bloquent un r\u00f4le qui ne peut \u00eatre repris facilement par un autre si n\u00e9cessaire.\r\nL'id\u00e9al est que le titre donn\u00e9 ne soit pas exclusif et ne donne pas de pouvoir sp\u00e9cial. Il vaut mieux un \"agent de liaison avec le monde hispanophone\" (ce qui n'emp\u00eache pas d'en avoir d'autres) qu'un \"responsable des traductions en espagnol\".\r\n

Premi\u00e8re r\u00e8gle : \u00c9valuer \/\/a posteriori\/\/

\r\nFaisons l'hypoth\u00e8se qu'un projet s'applique dans un milieu d'abondance, que les besoins minimums n\u00e9cessaires \u00e0 sa survie soient remplis et qu'il y ait suffisamment de temps pour permettre au groupe mis en place de m\u00fbrir \u00e0 son rythme. Dans ce cas, l'\u00e9valuation \/\/a priori\/\/ prend beaucoup moins d'importance (sauf peut \u00eatre pour le porteur du projet qui doit d\u00e9cider ou non de le lancer). Il est dans ce cas plus utile d'apporter des corrections par it\u00e9rations successives.\r\n\r\nM\u00eame, dans le cas de l'\u00e9valuation finale, il s'agit souvent de juger la r\u00e9alisation de ce qui a \u00e9t\u00e9 pr\u00e9vu \/\/a priori\/\/ plut\u00f4t que de juger de son utilit\u00e9 et de l'utilisation qui en est faite \/\/a posteriori\/\/.\r\n\r\nL'\u00e9valuation pendant le d\u00e9roulement du projet peut au contraire permettre un m\u00e9canisme d'autocorrection apr\u00e8s coup pour maximiser l'usage qui est fait des r\u00e9sultats d\u00e9j\u00e0 obtenus par le projet. Les contributeurs potentiels s'impliqueront en fonction de leur \u00e9valuation personnelle du projet, du coordinateur et de ce qu'ils peuvent en retirer.\r\n

Deuxi\u00e8me d\u00e9viation : L'\u00e9valuation ponctuelle

\r\nL'\u00e9valuation se fait habituellement \u00e0 des moments pr\u00e9cis, telle une photographie du projet, parfois m\u00eame seulement avant et apr\u00e8s le projet. Dans ce cas, elle prend mal en compte les \u00e9volutions humaines qui m\u00eame petites au d\u00e9but peuvent enfler rapidement pour basculer ensuite brutalement vers la coop\u00e9ration ou la trahison. Elle ne permet pas non plus de saisir les opportunit\u00e9s suffisamment t\u00f4t \u00e0 la source.\r\n

Deuxi\u00e8me r\u00e8gle : l'\u00e9valuation en continu

\r\nEn permettant une \u00e9valuation en continu, il devient possible de \"voir appara\u00eetre\" les cercles vicieux ou vertueux\" qui prendront de l'ampleur jusqu'au basculement brutal des changements de comportement. Suivant la perspicacit\u00e9 des observateurs (et nous verrons dans le point suivant que plusieurs personnes valent mieux qu'une dans ce cas de figure), les divergences peuvent \u00eatre d\u00e9tect\u00e9es suffisamment t\u00f4t pour agir en cons\u00e9quence.\r\n

Troisi\u00e8me d\u00e9viation : L'\u00e9valuation par un nombre r\u00e9duit de personnes

\r\nSouvent, le projet est \u00e9valu\u00e9 par des mandataires pour savoir si leur argent est bien plac\u00e9. L'\u00e9valuation se fait par une personne ext\u00e9rieure (un mandataire) qu'il \"suffit\" de convaincre avec un rapport bien pr\u00e9sent\u00e9 sur ce qui sera fait ou bien \u00e0 quoi serviront les r\u00e9sultats. Bien s\u00fbr en cours et \u00e0 la fin du projet, les r\u00e9sultats concrets obtenus entrent \u00e9galement dans la balance mais de fa\u00e7on indirecte.\r\n

Troisi\u00e8me r\u00e8gle : L'\u00e9valuation par l'ensemble de la communaut\u00e9

\r\nL'\u00e9valuation des projets coop\u00e9ratifs ne doit pas \u00eatre faite par celui qui en facilite le d\u00e9marrage, mais par l'ensemble de la communaut\u00e9 qui va se focaliser tout naturellement vers les projets utiles, bien r\u00e9alis\u00e9s et pr\u00e9sent\u00e9s de fa\u00e7on compr\u00e9hensible. Si le projet a \u00e9t\u00e9 initi\u00e9 ou soutenu par un mandataire, il pourra conna\u00eetre la valeur du projet en fonction de son utilisation de plus en plus grande par la communaut\u00e9 cibl\u00e9e.\r\n

Quatri\u00e8me d\u00e9viation : L'\u00e9valuation objective

\r\nUn autre danger d'une \u00e9valuation traditionnelle est de devoir d\u00e9finir des crit\u00e8res d'\u00e9valuation objectifs qui par d\u00e9finition cherchent \u00e0 s'approcher de ce que l'on d\u00e9sire sans jamais l'atteindre. Seuls les \u00e9l\u00e9ments objectifs sont pris en compte correctement. Les \u00e9l\u00e9ments subjectifs non mesurables tels que la bonne foi ou bien la motivation pendant le cours du projet sont n\u00e9glig\u00e9s, ou pire, ils sont soumis \u00e0 une accumulation de r\u00e8gles objectives de plus en plus complexes qui favorisent l'effet inverse.\r\n\r\n\"\"<div class=\"row-fluid\">\r\n<div class=\"well\" style=\"text-align:justify\"> \"\"

Exemple de l'\u00e9valuation des pays : Les indicateurs de \/\/rating\/\/

\r\nBeaucoup d'\u00e9valuations sont faites pour les pays sur des moyennes financi\u00e8res (les indicateurs de \/\/rating\/\/) telles que le Produit Int\u00e9rieur Brut. La tentation est grande pour les d\u00e9cideurs de tenter d'agir directement sur les crit\u00e8res \u00e9valu\u00e9s plut\u00f4t que sur leurs causes. Le PIB ne montrera pas par exemple la diff\u00e9rence entre un pays o\u00f9 la majorit\u00e9 des richesses est entre les mains d'un petit groupe de dirigeants et un pays o\u00f9 les richesses sont mieux r\u00e9parties. On cherche alors \u00e0 rajouter toujours plus de crit\u00e8res financiers \"correctifs\", mais sans jamais pousser r\u00e9ellement les dirigeants \u00e9valu\u00e9s \u00e0 agir sur les causes et non sur les crit\u00e8res \u00e9valu\u00e9s.\r\n\r\nUne approche tr\u00e8s int\u00e9ressante a \u00e9t\u00e9 initi\u00e9e par le Programme des Nations Unis pour le D\u00e9veloppement avec un Indicateur de D\u00e9veloppement Humain bas\u00e9 sur plusieurs crit\u00e8res qui se rapprochent au mieux de l'objet que l'on cherche \u00e0 \u00e9valuer.\r\n\r\nCes crit\u00e8res prennent en compte : L'\u00e9tat de sant\u00e9, l'\u00e9ducation et l'\u00e9conomique.\r\n\r\nIl s'agit probablement de ce que l'on peut faire de mieux aujourd'hui pour \u00e9valuer par un indicateur objectif le d\u00e9veloppement humain dans un pays, mais chaque taux est lui-m\u00eame une moyenne et seuls les crit\u00e8res objectifs mesurables sont pris en compte. Il est alors possible de mieux scolariser une partie privil\u00e9gi\u00e9e de la population ou de scolariser sans recherche de r\u00e9sultats scolaires pour augmenter les indices. Multiplier encore les crit\u00e8res ne fait que rendre la t\u00e2che plus subtile pour ceux qui ne s'attachent qu'\u00e0 adapter leurs r\u00e9sultats pour optimiser la valeurs de chaque crit\u00e8re. Mais cela donne moins de chance de remplir au mieux les crit\u00e8res sp\u00e9cifiques \u00e0 l'indicateur pour ceux qui s'attachent avant tout aux causes en toute bonne foi.\r\n\"\"<\/div>\r\n<\/div>\"\"\r\nLes m\u00e9thodes traditionnelles de mesures objectives issues de l'avanc\u00e9e scientifique du XVIIe si\u00e8cle n\u00e9cessitent en elle-m\u00eame des d\u00e9veloppements pour aller au del\u00e0 des simples moyennes : parfois on ajoute aux taux moyens des \u00e9carts types (la moyenne des \u00e9carts par rapport \u00e0 la moyenne). Si cela donne une id\u00e9e de l'ampleur des diff\u00e9rences, certains points plus subtils ne sont pas pris en compte tels que par exemple la r\u00e9partition homog\u00e8ne d'une population ou la r\u00e9partition en deux ou plusieurs groupes plus ou moins favoris\u00e9s avec peu de chance de pouvoir passer d'un groupe \u00e0 l'autre.\r\n\r\nLes effets de bord (aux limites extr\u00eames) peuvent \u00e9galement perturber les lois objectives simples (dans le cas, par exemple, des situations de monopole). Il faut avoir une id\u00e9e de ce qui se passe loin de l'\u00e9quilibre et m\u00eame aux limites et non pas seulement au point d'\u00e9quilibre.\r\n

Quatri\u00e8me r\u00e8gle : R\u00e9introduire l'\u00e9valuation subjective

\r\nSi les crit\u00e8res d'\u00e9valuation sont indispensables, en particulier lorsque des personnes ext\u00e9rieures doivent analyser objectivement des r\u00e9sultats, ils sont cependant insuffisants. \/\/A contrario\/\/, l'\u00e9valuation collective dans la dur\u00e9e permet de favoriser directement l'expansion d'un projet en attirant chaque jour de nouveaux utilisateurs contributeurs mais est mal adapt\u00e9e \u00e0 une \u00e9valuation objective.\r\n\r\nLe probl\u00e8me vient de l'impossibilit\u00e9 de mesurer de fa\u00e7on objective la bonne foi. Il n'est possible d'obtenir une \u00e9valuation objective mesurable qu'\/\/a posteriori\/\/ et avec une marge plus ou moins grande entre le r\u00e9sultat mesur\u00e9 et les crit\u00e8res d'\u00e9valuation.\r\n\r\nAccepter de r\u00e9introduire une \u00e9valuation subjective, telle que celle apport\u00e9e par l'estime dont jouit un projet, est indispensable. Pour en att\u00e9nuer les difficult\u00e9s, il est important qu'elle soit d\u00e9centralis\u00e9e et globale en l'obtenant de l'ensemble de la communaut\u00e9 et du monde ext\u00e9rieur.\r\n

La fin du pouvoir de contrainte permet une \u00e9valuation auto-r\u00e9gul\u00e9e

\r\nBien s\u00fbr, la mise en place d'une \u00e9valuation \/\/a posteriori\/\/, en continu, subjective par l'ensemble de la communaut\u00e9 semble insoluble si on conserve une approche traditionnelle de l'\u00e9valuation. Pour sortir des paradoxes apparemment insolubles de Peter, il nous faudra, comme dans les pr\u00e9c\u00e9dents chapitres, proposer un environnement diff\u00e9rent qui n'impose plus les m\u00eames limites.\r\n\r\nDans un projet coop\u00e9ratif, nous cherchons \u00e0 obtenir la coop\u00e9ration des membres et \u00e0 coordonner leurs travaux pour obtenir un r\u00e9sultat. Le pouvoir de contrainte (pouvoir hi\u00e9rarchique ou contractuel), n'est plus au centre de la gestion du projet.\r\nLa suppression pure et simple du pouvoir coercitif (du pouvoir de contrainte) peut sembler une h\u00e9r\u00e9sie poussant vers le \"champ de boue\" de la trag\u00e9die des biens communs. Nous allons voir au contraire que dans un environnement appropri\u00e9, celui-ci permet de sortir des paradoxes habituels.\r\nLorsqu'on ne peut plus \"imposer\" \u00e0 personne de \"coop\u00e9rer\", chacun s'implique ou utilise les r\u00e9sultats en fonction de l'image qu'il se fait du projet. Si, globalement, le projet jouit d'une grande estime, il se d\u00e9veloppera de plus en plus. L'\u00e9valuation est alors subjective, \/\/a posteriori\/\/ et en continu par l'ensemble de la communaut\u00e9 des contributeurs et celle des utilisateurs. L'ensemble construit un cercle vertueux.\r\n\r\nLe pouvoir du coordinateur se limite \u00e0 la possibilit\u00e9 d'int\u00e9grer ou non les modifications propos\u00e9es par les contributeurs et \u00e9ventuellement d'exclure une personne de la communaut\u00e9 qu'il a mise en place. Pour le reste, il ne peut qu'inciter les personnes \u00e0 devenir utilisateur ou contributeur, sans pouvoir les y contraindre.\r\n\r\nLes projets coop\u00e9ratifs sont bien adapt\u00e9s aux projets entre les structures ou les projets inter-services. Le fonctionnement des associations permet parfois de mettre en place des projets non hi\u00e9rarchis\u00e9s de ce type.\r\n

D'autres approches

\r\nUne des difficult\u00e9s de l'abandon du pouvoir de contrainte est qu'il n\u00e9cessite des projets demandant un tr\u00e8s faible investissement de d\u00e9part, un milieu d'abondance et pas de d\u00e9lais contraints ni d'attente d'un r\u00e9sultat particulier. Il s'agit l\u00e0 justement des crit\u00e8res qui permettent la mise en place d'un projet coop\u00e9ratif, comme nous avons commenc\u00e9 \u00e0 le voir.\r\n\r\nL'abandon total du pouvoir coercitif donn\u00e9 par le titre hi\u00e9rarchique ou le contrat d'engagement est remplac\u00e9 par l'incitation \u00e0 coop\u00e9rer par les r\u00e9sultats et l'estime obtenus. Il s'agit d'une diff\u00e9rence majeure avec la gestion classique de projets. Il n'est donc pas facile de suivre les deux approches en m\u00eame temps. Nous verrons dans le chapitre sur le mixage des m\u00e9thodes que des projets utilisant totalement ou partiellement le pouvoir coercitif peuvent simplement b\u00e9n\u00e9ficier de quelques avantages en favorisant le plus possible une \u00e9valuation \/\/a posteriori\/\/, en continue et subjective par la communaut\u00e9.\r\n\r\n\"\"<div class=\"row-fluid\">\r\n<div class=\"well\" style=\"text-align:justify\"> \"\"

R\u00e9sum\u00e9

\r\nL'\u00e9valuation d'un projet doit se faire :\r\n\r\n - \/\/A posteriori\/\/\r\n - En continu\r\n - En prenant en compte le subjectif\r\n - Par l'ensemble de la communaut\u00e9 des contributeurs et des utilisateurs\r\n\r\nCela peut \u00eatre obtenu en abandonnant le pourvoir coercitif pour laisser l'estime envers le projet et ses membres faire son travail d'autor\u00e9gulation.\r\n\"\"<\/div>\r\n<\/div><!--\/.row-fluid -->\"\"\r\n\r\n
\r\n\"\"<a name=\"ancre1\">\"\"1\"\"<\/a>\"\" Hardin Garrett, \u00ab The Tragedy of the Commons \u00bb, Science 162 (1968\/3859), p. 1243‑1248.\r\n\"\"<a name=\"ancre2\">\"\"2\"\"<\/a>\"\" Raymond Eric S., \u00ab Homesteading the noosphere \u00bb [en ligne], First Monday 3 (1998\/10), disponible sur <http:\/\/firstmonday.org\/ojs\/index.php\/fm\/article\/viewArticle\/621>, (consult\u00e9 le 30 janvier 2014). Raymond Eric S., \u00ab A la conqu\u00eate de la noosph\u00e8re \u00bb, Hors collection (2000), p. 279‑336., (consult\u00e9 le 30 janvier 2014), \u00e9galement sur Raymond Eric S., \u00ab \u00c0 la conqu\u00eate de la noosph\u00e8re \u00bb [en ligne], linux-france, disponible sur <http:\/\/www.linux-france.org\/article\/these\/noosphere\/homesteading-fr_monoblock.html>, (consult\u00e9 le 30 janvier 2014).\r\n\"\"<a name=\"ancre3\">\"\"3\"\"<\/a>\"\" Gary Warner : \"Hardin later recognized that much of his characterization of the negative aspects of the commons, which according to his analysis 'remorselessly generates tragedy'... was based on a description, not of a commons regime in which authority over use of the resources resides within the community, but of an open access regime, unregulated by any external authority or social consensus\" dans : Warner Gary, \u00ab Participatory Management, Popular Knowledge, and Community Empowerment: The Case of Sea Urchin Harvesting in the Vieux-Fort Area of St. Lucia \u00bb, Human Ecology 25 (1997\/1), p. 29‑46., (consult\u00e9 le 30 janvier 2014).\r\n\"\"<a name=\"ancre4\">\"\"4\"\"<\/a>\"\" Mauss Marcel, L\u00e9vi-strauss Claude, Gurvitch Georges, Sociologie et anthropologie, Quadrige. Grands textes, ISSN 1764-0288, 1 vol., Paris, France, Presses universitaires de France, 2004.\r\n\"\"<a name=\"ancre5\">\"\"5\"\"<\/a>\"\" Godelier Maurice, L’énigme du don, 1 vol., Paris, France, Fayard, impr. 1997, 1997. (p. 79, cit\u00e9 p.143 dans Blondeau-Coulet Olivier, Latrive Florent (\u00e9d.), Libres enfants du savoir numérique: une anthologie du \u00ab Libre \u00bb, Premier secours. - Perreux : L’Eclat, 1 vol., Paris, France, Ed. de l’Eclat, impr. 2000, 2000.) Barbrook Richard, \u00ab L’\u00e9conomie du don High Tech \u00bb [en ligne], disponible sur <http:\/\/web.archive.org\/web\/20090917124333\/http:\/\/www.freescape.eu.org\/eclat\/2partie\/Barbrook\/barbrook2.html>, (consult\u00e9 le 30 janvier 2014). Il s'agit d'une critique du texte de r\u00e9f\u00e9rence de Marcel Mauss \"Essai sur le don\" (1923) souvent cit\u00e9 par les situationnistes.\r\n\"\"<a name=\"ancre6\">\"\"6\"\"<\/a>\"\" Voir la revue Pour la Science qui publie un article sur le dilemme du prisonnier tous les six mois : \u00ab Pour la Science - Le magazine de r\u00e9f\u00e9rence de l’actualit\u00e9 scientifique \u00bb [en ligne], disponible sur <http:\/\/www.pourlascience.fr\/>, (consult\u00e9 le 30 janvier 2014).\r\nVoir aussi \u00ab Le dilemme du prisonnier \u00bb [en ligne], disponible sur <http:\/\/web.archive.org\/web\/20050302205551\/http:\/\/www.apprendre-en-ligne.net\/jeux\/dilemme\/home.html>, (consult\u00e9 le 30 janvier 2014).\r\n\"\"<a name=\"ancre7\">\"\"7\"\"<\/a>\"\" Werber Bernard, L’encyclopédie du savoir relatif et absolu, 1 vol., Paris, France, Albin Michel, 2000.\r\n\"\"<a name=\"ancre8\">\"\"8\"\"<\/a>\"\" Glance Natalie, Huberman Bernardo, \u00ab La dynamique des dilemmes sociaux \u00bb, Pour la science (1994\/199), p. 26‑31., (consult\u00e9 le 30 janvier 2014).\r\n\"\"<a name=\"ancre9\">\"\"9\"\"<\/a>\"\" Godelier Maurice, L’énigme du don, 1 vol., Paris, France, Fayard, impr. 1997, 1997. (p. 79, cit\u00e9 p.143 dans Blondeau-Coulet Olivier, Latrive Florent (\u00e9d.), Libres enfants du savoir numérique: une anthologie du \u00ab Libre \u00bb, Premier secours. - Perreux : L’Eclat, 1 vol., Paris, France, Ed. de l’Eclat, impr. 2000, 2000.) Barbrook Richard, \u00ab L’\u00e9conomie du don High Tech \u00bb [en ligne], disponible sur <http:\/\/web.archive.org\/web\/20090917124333\/http:\/\/www.freescape.eu.org\/eclat\/2partie\/Barbrook\/barbrook2.html>, (consult\u00e9 le 30 janvier 2014). Il s'agit d'une critique du texte de r\u00e9f\u00e9rence de Marcel Mauss \"Essai sur le don\" (1923) souvent cit\u00e9 par les situationnistes.\r\n\"\"<a name=\"ancre10\">\"\"10\"\"<\/a>\"\" Girard Ren\u00e9, Je vois Satan tomber comme l’éclair, 1 vol., Paris, France, B. Grasset, 1999.\r\n\"\"<a name=\"ancre11\">\"\"11\"\"<\/a>\"\" Guyard Jacques, Brard Jean-Pierre, France. assembl\u00e9e nationale, Rapport fait au nom de la Commission d’enquête sur la situation financière, patrimoniale et fiscale des sectes, ainsi que sur leurs activités économiques et leurs relations avec les milieux économiques et financiers, Les Documents d’information - Assembl\u00e9e nationale (Texte imprim\u00e9), ISSN 1240-831X ; 1999 33, 1 vol., Paris, France, Assembl\u00e9e nationale, 1999.\r\n\"\"<a name=\"ancre12\">\"\"12\"\"<\/a>\"\" \"In a hierarchy, every employee tends to rise to his level of incompetence.\" dans Peter Laurence J., Hull Raymond, The Peter principle: why things always go wrong, New York, Bantam, 1969.\r\nVoir \u00e9galement une interview de Peters \u00ab The Peters Principles \u00bb [en ligne], Reason.com, disponible sur <http:\/\/reason.com\/archives\/1997\/10\/01\/the-peters-principles>, (consult\u00e9 le 30 janvier 2014).\r\n\r\n\r\n\/\/Source : Cornu Jean-Michel, \u00ab La coop\u00e9ration, nouvelles approches \u00bb [en ligne], http:\/\/www. cornu. eu. org\/texts\/cooperation (2004), disponible sur <http:\/\/fing-unige.viabloga.com\/files\/cooperation2.pdf>, (consult\u00e9 le 30 janvier 2014).\/\/\r\n\r\n\/\/Cr\u00e9dit photo : https:\/\/www.flickr.com\/photos\/exothermic\/2108916970 exothermic - CC-BY-SA\/\/","tags":"Revue-reseau-tic,coop-tic,Article de fond","id_typeannonce":"11","createur":"Anonyme","categorie_fiche":"Blog","date_creation_fiche":"2014-04-29 19:01:39","date_debut_validite_fiche":"2014-04-29","date_fin_validite_fiche":"0000-00-00","statut_fiche":"1","imagebf_image":"bf_imageconvergence.jpg","date_maj_fiche":"2014-04-29 19:01:40","id_fiche":"FaciliterLaConvergenceParLesBiensCommuns"}