Les pratiques pédagogiques spécifiques
Les raisons pour adopter les nouvelles technologies sont d’abord pédagogiques, en lien avec les besoins des apprenants.
Elles peuvent donc avoir des impacts importants sur la conception du dispositif et sur les modalités d’encadrement. Voici quelques pistes :
La motivation et le soutien à la participation
La conception des formations doit prévoir des fluctuations importantes dans l’intérêt et la participation et mettre en place des mesures pour la susciter et la maintenir au-delà de l’engouement initial. La seule présence des outils ne suffit pas ; L’objectif ou le sens donné par le scénario pédagogique à leur usage demeure un élément central.
Les médias sociaux jouent un rôle motivateur dans la plupart des expériences éducatives. Ils offrent un sentiment d'habilitation aux apprenants et de nouvelles possibilités de socialisation. Ils sollicitent avantageusement la persévérance de chacun sur les temps de formation plus long.
Deux éléments liés à la motivation des stagiaires sont souvent indiqués :
- l’évaluation de la participation : c'est plus un choix forcé de la participation que délibéré. C'est aussi un risque d'une participation minimale ne visant que l’atteinte des critères d’évaluation. Contrairement aux idées reçues selon lesquelles les élèves ne feront que les travaux qui seront formellement évalués, l’absence de contraintes rigides (relatives au blog par ex.) incite les élèves à bloguer encore plus. Le dosage entre la contrainte et la liberté est à trouver.
- la diffusion large des contributions : l’ouverture donne de la visibilité, de la fierté et permet la réutilisation. Elle est donc généralement vue comme un facteur de motivation. Cette pratique est systématiquement utilisée dans les formations Animcoop. Les stagiaires produisent des contenus diffusables. C'est un travail plus contraignant mais plus apprécié également (voir : exemples de productions).
Des cheminements individuels, collaboratifs ou coopératifs
La multiplicité des outils de communication utilisables et les besoins différents mènent à une offre diversifiée de cheminements. La bonne posture pédagogique serait alors de varier pour donner aux apprenants aux styles d'apprentissages différents les possibilités d'un cheminement plus adapté.
Les activités collaboratives, facilitées par les outils du Web 2.0, ont cependant un intérêt plus particulier : elles sont à la fois «un bon vecteur d’apprentissage » et un moyen « de favoriser le développement de liens sociaux entre les apprenants », elles permettent de « lutter contre les risques d’isolement et de démotivation particulièrement dans l'apprentissage à distance». Elles permettent d'atteindre simultanément divers objectifs :
- la réalisation,
- le raisonnement de niveau supérieur,
- le gain de temps de travail,
- le transfert de l'apprentissage,
- la motivation à la réussite,
- la motivation intrinsèque et continue,
- le développement social et cognitif,
- l'attraction interpersonnelle,
- le soutien social, les amitiés,
- la réduction des stéréotypes et des préjugés,
- la valorisation des différences,
- la santé psychologique, l'estime de soi,
- les compétences sociales,
- l'intériorisation des valeurs,
- la qualité de l'environnement d'apprentissage... et beaucoup d'autres.
Cependant l'arrivée du numérique ne fait que révéler certains blocages d'un travail (apprentissage) collaboratif : échanger des informations essentielles en vue d'un projet commun avec efficacité est une étape supplémentaire que ne franchissent pas bon nombre d'organisations, faute de culture du partage d'une part, et des besoins élémentaires des individus d'autre part. Le travail collaboratif repose, avant tout, sur le volontariat et ne peut être une obligation.
Un apprentissage et un environnement plus personnalisés
La culture et la multiplicité des choix qu’offre le Web 2.0, combinées à ses possibilités de « mise en scène du je », appellent à une plus grande personnalisation des cheminements, tel qu’indiqué ci-dessus, mais aussi des modalités d’expression et des outils. Il peut s’agir d’une personnalisation très limitée : profils et pages personnelles, photos, etc., ajoutés à l’intérieur d’un environnement d’apprentissage institutionnel, centré sur le cours ou le trimestre plutôt que sur l’apprenant. Mais plus couramment, tel qu’évoqué au chapitre précédent, on parle d’une remise en cause plus fondamentale où l’
étudiant construit son environnement d'apprentissage personnel, à partir de son propre choix d’outils, indépendamment des institutions successives qu’il fréquentera et où il constitue à la fois son portfolio, témoignant de sa formation continue comme de son expérience, et de son identité numérique.
Des pédagogies actives et des apprentissages plus contextualisés
Les outils du Web 2.0 favorisent de plus un apprentissage dans l’action, plus authentique ou situé. L'apprenant peut par exemple y construire des ressources utilisables par la communauté. Un exemple :
articles produit par les stagiaires Animacoop sont réutilisés par les formateurs dans la production de nouveaux cours
Des contenus multimédias
Un autre défi que présentent ces outils pour les pédagogues est l’évolution vers des ressources d’apprentissage beaucoup moins textuelles. La vidéo, en particulier, connait une popularité fulgurante.
- L'utilisation du blog : permet de laisser des traces de ses apprentissages et est excellent dans les pratiques d'évaluations formatives.
- Le Wiki montre les contributions de chacun à un travail collaboratif.
- La vidéo et la vidéoconférence permettent d’évaluer l’expression orale ou l’appropriation des contenus. On peut aussi construire à partir des contenus existants; par exemple évaluer ou compléter un article d’un wiki.
L’utilisation de l’outil approprié
Placé devant une abondance de types d’outils, le formateur doit pouvoir choisir ceux qui sont les plus pertinents en regard de l’apprentissage souhaité. Souvent, si son institution ne l’a pas fait pour lui, il doit aussi sélectionner les logiciels pour les supporter. Les discussions entre enseignants sur des forums
spécialisés montrent bien leur perplexité devant la multiplicité des outils offerts et la difficulté d’établir lequel est le plus approprié à leur activité pédagogique.
Plus loin nous vous proposons une petite sélection d' outils classés selon leurs usages.
Accompagnement
Pour dépasser le niveau du simple commentaire ou de la mise en forme, pour progresser vers des apprentissages de plus haut niveau, comme le développement de l’argumentation, de la critique et de la synthèse, un accompagnement pédagogique soutenu est essentiel.
L’encadrement de cheminements interactifs comme ceux que permet le Web 2.0 demande donc non seulement plus de temps, mais aussi une disponibilité plus continue. Pour faire face à ce besoin accru de temps et de disponibilité, plusieurs solutions sont avancées.
- le besoin d’établir, dès le départ, des plages de disponibilité. de temps de « micromentors » :
- le travail collaboratif. L’encadrement était assumé en équipe de quatre professeurs : « Cette façon de faire avantage autant les étudiants, qui reçoivent une réponse dans un délai très court, que les professeurs, qui se partagent la tâche de répondre aux courriels».